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EPU du 19 février 2002 ; Dr DAIRIEN et FOURRURE - Pneumologues VANNES
Avertissement : le texte de cette séance n'ayant pas été dactylographié et reprenant à de très petites exeptions près (particulièrement en ce qui concerne les théophyllines, actuellement en voie d'être supplantées par l'antileucotriène) les recommandations de l'ANDEM Novembre 1995, le texte de ces recommandations a été repris intégralement ici et simplement remis en forme html. Ce dossier est téléchargeable sur le site de l'ANAES en format pdf.
Les
recommandations ci-dessous ne concernent que certains aspects thérapeutiques
de lasthme.
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Abréviations
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D E P : | débit expiratoire de pointe ; |
E F R : | exploration fonctionnelle respiratoire ; |
IDR : | intradermo-réaction ; |
V E M S : | volume expiratoire maximal par seconde. |
Les recommandations ci-dessous ne concernent que certains aspects thérapeutiques de lasthme. Il sagit de la corticothérapie générale et inhalée, de limmunothérapie à lexclusion des autres classes thérapeutiques. Ce sont les thèmes qui avaient été soumis à la réflexion du groupe de travail. Le groupe de travail na pas abordé tous les aspects de la maladie asthmatique.
Les questions auxquelles le groupe a répondu étaient : les critères de gravité de lasthme ; les indications des explorations fonctionnelles respiratoires dans lasthme ; les indications des tests allergologiques cutanés dans lasthme ; les traitements corticoïdes dans lasthme ; les indications de limmunothérapie spécifique dans lasthme. Le titre proposé : « Asthme », a été reformulé par le groupe de travail en « Asthme : critères de gravité, aspects diagnostiques et thérapeutiques ». Lasthme est lune des pathologies chroniques les plus communes. Sa prévalence est en augmentation chez les enfants et les adultes jeunes. Lasthme est responsable dune mortalité de 1 500 à 2 500 cas annuels en France (1-3). Lexpérience clinique des membres du groupe de travail comme celle dexperts internationaux (1) indiquent que lasthme est sousdiagnostiqué et insuffisamment pris en charge. Le groupe de travail a estimé nécessaire non seulement daborder les questions soumises par les partenaires conventionnels, mais aussi de rappeler certaines lignes directrices consensuelles pour la prise en charge des asthmatiques. Les membres du groupe ont été unanimes pour prendre comme base de référence les textes des deux conférences de consensus internationales sur lasthme (1, 4). Létendue du sujet na pas permis, dans le temps imparti, de discuter en détail tous les points de la prise en charge diagnostique, thérapeutique et éducative des asthmatiques.
La meilleure connaissance des mécanismes physio-pathologiques de lasthme nen a pas simplifié la définition. Les experts du plus récent consensus international ont adopté une « description opérationnelle » : « Lasthme est une affection inflammatoire chronique des voies aériennes dans laquelle interviennent de nombreuses cellules, en particulier les mastocytes, les éosinophiles et les lymphocytes T. Cette inflammation provoque des épisodes récidivants de sibilance, de dyspnée, de toux survenant préférentiellement au cours de la nuit et au petit matin. Ces symptômes sont habituellement associés à un trouble ventilatoire obstructif dintensité variable, qui est au moins partiellement réversible spontanément ou sous traitement. L inflammation est associée à une hyperréactivité bronchique non spécifique vis-à-vis de stimulus variés (1). »
De nombreuses conférences de consensus et recommandations pour la pratique clinique, nationales et internationales, ont décrit les éléments anamnestiques, cliniques et paracliniques signant la gravité dun asthme (1, 4-20). Trois séries de critères ont un intérêt particulier pour le praticienlors de la prise en charge des patients asthmatiques : les facteurs de risque dasthme aigu grave ; les signes dasthme aigu grave ; les critères de sévérité de la maladie asthmatique.
Un système à trois zones pour aider le patient à gérer ses symptômes ( 1 ) |
Zone verte
Zone orange
Zone rouge
1.
Ce système à trois zones est conçu pour guider le
patient dans lappréciation de ses symptômes au jour
le jour. Il ne doit pas être confondu avec lapproche par paliers
(voir lencadré 2 ) destinée aux cliniciens et prenant
en compte lévolutivité de lasthme sur des périodes
prolongées. 2. La valeur obtenue du DEP ou du VEMS doit être rapportée à la valeur théorique ou au meilleur score antérieur du patient. La variabilité du DEP ou du VEMS est ici la variabilité circadienne, différence entre la valeur matinale avant utilisation de bronchodilatateur et la valeur vespérale après utilisation de bronchodilatateur. Elle est représentée par la formule : variabilité circadienne : [DEP (soir) DEP (matin)]/[1/2 (DEP soir + DEP matin)]*100. |
Encadré
1
Ces critères sont à lorigine de la classification de la maladie asthmatique en quatre stades schématiques ( encadré 2 ) (1). La présence dun seul critère suffit pour attribuer à un patient le stade correspondant. La sévérité de lasthme est donc une donnée évolutive, susceptible de saggraver ou à linverse de se corriger sous leffet dun traitement adéquat. En cas damélioration, un fois obtenu le contrôle de lasthme, il est nécessaire dobserver des paliers thérapeutiques dau moins trois mois, avant denvisager la réduction du schéma thérapeutique.
À chaque stade schématique de la maladie correspond un palier thérapeutique comportant :
- un traitement de maîtrise de la maladie (traitement « de fond » ) ,
- un traitement de maîtrise des crises (traitement symptomatique) ( encadré 2 ).
DEGRÉS
DE SÉVÉRITÉ DE LA MALADIE ASTHMATIQUE ET APPROCHE
THÉRAPEUTIQUE PAR PALIERS
Traduit et adapté de National Heart, Lung and Blood Institute, 1995. |
Palier 1 : intermittent
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Palier 2 : persistant léger
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Palier 3 : persistant modéré
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Palier 4 : persistant sévère
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Avertissement du groupe de travail au lecteur : Ce tableau est schématique et a un caractère indicatif. Lasthme est évolutif, il peut saméliorer ou saggraver. Les limites du DEP, lintérêt de la spirométrie napparaissent pas ; il faut se reporter au texte. Palier inférieur : Revoir le traitement tous les trois à six mois. Si la maîtrise de la maladie se maintient depuis au moins trois mois, il est possible denvisager une réduction progressive, par paliers, du traitement. Palier supérieur : Si la maîtrise de la maladie nest pas obtenue, prévoir de passer au palier supérieur. Mais, auparavant, revoir la technique dinhalation du patient, lobservance et le contrôle de lenvironnement (éviction des allergènes ou autres facteurs déclenchants).
Le but du traitement est la maîtrise de lasthme. |
Encadré
2
Un groupe de travail a été réuni par lAgence nationale pour le développement de lévaluation médicale (ANDEM) en 1994 sur le thème des EFR (22). Le groupe de travail sur lasthme rappelle ci-dessous les conclusions concernant lasthme quil a reprises à son compte, et apportecertaines précisions.
« Il existe un consensus professionnel fort sur les indications générales des EFR, qui peuvent être résumées ainsi : toute évaluation (initiale ou de surveillance) dun handicap respiratoire implique la réalisation dEFR, dont la base incontournable
est constituée par la spirométrie. Les autres tests fonctionnels respiratoires doivent être adaptés en fonction de la nature de la maladie. »« Le DEP est un outil utile mais non suffisant pour la surveillance des maladies bronchiques obstructives à composante réversible. Il ne peut cependant, du fait de son manque de sensibilité, se substituer à la spirométrie pour la recherche danomalies ventilatoires. »
« Toute dyspnée chronique (permanente ou paroxystique) impose la pratique dune spirométrie, qui est lexamen de base des EFR. »
« Si la maladie respiratoire est connue, la spirométrie est, dans la hiérarchie des EFR, le premier examen permettant den apprécier le retentissement fonctionnel. »
« La découverte dun syndrome ventilatoire obstructif justifie la réalisation dun test de réversibilité avec un agent bronchodilatateur. Leffet de lagent bronchodilatateur administré doit lui aussi être évalué par la spirométrie. »
Il y a fréquemment dissociation entre la perception de la dyspnée par lasthmatique, lévaluation clinique des symptômes par le médecin et la réalité du trouble ventilatoire obstructif : les signes fonctionnels et lauscultation peuvent être mis en défaut (1, 23).
Les examens spirométriques sont nécessaires pour le diagnostic de lasthme (en particulier dans ses formes présumées mineures ou dans les formes atypiques), pour lévaluation de sa sévérité et pour la surveillance de son évolution (1, 4, 15, 17, 20, 24). Létude du VEMS et de la capacité vitale sont les données spirométriques de base chez lasthmatique.
Une EFR est nécessaire dans le bilan initial dun asthme. Il nest pas possible de préciser la fréquence avec laquelle les EFR doivent ensuite être répétées. Cette fréquence est fonction de lévolution et de la sévérité de la maladie. Il ny a pas dâge minimal absolu pour réaliser une EFR. Différentes conférences de consensus indiquent toutefois la difficulté de réalisation de cet examen au-dessous de lâge de 5 ans (1, 4, 7, 15). Dans les cas de manque de coopération du patient (en particulier chez lenfant) ou de difficulté diagnostique, il est possible de recourir à des techniques dEFR plus élaborées. La réalisation dune EFR doit répondre à des critères de qualité reconnus (25-28), en particulier en ce qui concerne le matériel et la prévention de la transmission des maladies infectieuses.
Dans les cas particuliers où ils sont indiqués (certains asthmes allergiques ou certains asthmes professionnels, lorsque lhistoire clinique nest pas suffisamment évocatrice), les tests de provocation bronchique par allergènes spécifiques peuvent être prescrits mais doivent être accompagnés de différentes précautions (26, 29-31) : présence dans la pièce dun médecin expérimenté durant le test ; présence dun matériel de réanimation cardiopulmonaire, doxygène, de bronchodilatateurs inhalés et injectables, dantihistaminiques injectables, de corticoïdes injectables et dadrénaline ; surveillance du patient sur place durant une période de six à huit heures (dans lhypothèse où interviendrait une réponse bronchique « retardée ») avec possibilité de recours rapide à un médecin ; surveillance régulière du DEP dans les vingt-quatre heures suivant le test.
Les tests de provocation bronchique non spécifiques (test au carbachol, à la métacholine ou à lhistamine) permettent dévaluer lexistence dune hyper- réactivité bronchique non spécifique. Ils peuvent savérer utiles pour le diagnostic de certaines formes atypiques (toux spasmodique par exemple) ou dans le suivi de certains asthmes professionnels (32). La répétition des tests dhyper-réactivité bronchique non spécifique est inutile, hormis le cas particulier des asthmes profess
ionnels : la réduction de lhyperréactivité bronchique non spécifique nest pas considérée à lheure actuelle comme un objectif de traitement de l'asthme.La mesure régulière du DEP mérite dêtre intégrée à léducation du patient asthmatique, dont elle ne représente cependant quun élément (4, 22). Plusieurs travaux ont montré la mauvaise reproductibilité des mesures du DEP (33) et sa sensibilité modeste chez lenfant (34) et même chez ladulte. Certains auteurs préfèrent une surveillance basée sur le suivi quotidien des scores symptomatiques (35, 36). Lintérêt clinique du DEP pour le praticien demeure, malgré ces réserves. La surveillance du DEP à court terme est recommandée pour apprécier la gravité, identifier des facteurs déclenchants éventuels et évaluer leffet des modifications thérapeutiques (augmentation ou diminution du traitement). La surveillance à long terme du DEP est particulièrement recommandée chez les patients ayant un asthme sévère, chez ceux qui perçoivent mal leurs symptômes et chez ceux dont lasthme a justifié une hospitalisation (1).
Le débitmètre de pointe est aussi un outil clinique intéressant dans la trousse du médecin, au service durgence et dans le service hospitalier (1).
Lasthme est une maladie multifactorielle où lallergie ne représente quun des facteurs étiologiques. La composante allergique est cependant présente chez 90 % à 95 % des enfants asthmatiques. Son incidence diminue ensuite avec lâge, et son intérêt clinique diminue après lâge de 50 ans (1, 4, 37). Le résultat isolé dun test cutané allergologique est sans signification sil nest pas interprété en fonction du contexte et de lhistoire clinique, qui doivent faire lobjet dun
interrogatoire précis. La concordance entre clinique et résultats des tests allergologiques est toujours nécessaire pour incriminer un allergène particulier.
La positivité des tests allergologiques ne doit pas être associée systématiquement à lidée dun traitement par immunothérapie spécifique ( « désensibilisation »). Lintérêt premier des tests allergologiques dans lasthme est lidentification précise du ou des pneumallergènes responsables, ce qui permet dorienter le choix des mesures déviction allergénique : cette éviction est de première importance et permet à elle seule la guérison de certains asthmatiques (1, 4, 37, 38). Les données de la littérature ne permettent pas daffirmer que tout asthmatique doive bénéficier dun bilan allergologique initial, ni que si celui-ci devrait être décidé en fonction du contexte clinique. Il existe un consensus professionnel fort au sein du groupe de travail pour estimer quun bilan allergologique initial est nécessaire sinon indispensable chez lenfant (39, 40).
La technique de base et de première intention des tests cutanés allergologiques est représentée par les pricktests avec lecture immédiate à la quinzième minute. Les méthodes actuelles de réalisation de ces tests offrent, dans des mains entraînées et avec des allergènes standardisés, une fiabilité et une sécurité demploi satisfaisantes. Le prick-test a lavantage dune bonne spécificité, au prix dune sensibilité moindre par rapport aux tests intradermiques (1, 41-44).
Les tests par IDR ne sont réalisés quen cas de dissociation entre les données de linterrogatoire et la négativité des prick-tests ; ils relèvent dindications très limitées. De plus, la quantité dallergènes introduite dans le derme (considérablement augmentée lors de lIDR) a pour corollaire un risque accru et donc des précautions supplémentaires lors de la réalisation (42-44).
Lanalyse de la réaction cutanée tardive à la sixième-huitième heure (« late phase reaction » des Anglo- Saxons) na pas dintérêt pratique chez lasthmatique ; les tests réalisés à laide dantigènes variés (candidine, extraits bactériens ) dont la lecture seffectue à vingt-quatre ou quarante heures nexplorent que lhypersensibilité à médiation cellulaire et témoignent en cas de positivité dune réactivité naturelle aux antigènes considérés : ils sont dépourvus de toute signification dans lexploration de lasthme allergique (41, 43, 45).
Le choix des allergènes testés par prick-tests cutanés doit être adapté à lenvironnement du patient et guidé par lhistoire clinique. Il sagit essentiellement des pneumallergènes (pollens, acariens, protéines animales, moisissures, blattes) et parfois des allergènes alimentaires (principalement chez le nourrisson). Les extraits bactériens et candidosiques nont pas dutilité pratique (40, 41, 45).
Il nexiste théoriquement pas dâge limite pour pratiquer des tests allergologiques cutanés. Ils sont plus rarement indiqués au-delà de 50 a n s . Bien que leur interprétation soit délicate avant lâge de 2 ou 3 ans, ils sont réalisables, même chez le nourrisson, lorsquil existe une indication clinique (40, 44, 46).
Malgré les faibles risques accompagnant la réalisation des prick-tests cutanés, le médecin doit disposer de tous les moyens permettant de faire face à une réaction allergique locale ou systémique.
Malgré certaines zones dincertitude, la place des corticoïdes dans lasthme a été établie de manière convergentepar différentes conférences de consensus et recommandations pour la pratique clinique (1, 4-20).
Lasthme est reconnu comme une maladie inflammatoire justifiant, dès quelle a perdu son caractère intermittent, un traitement « anti-inflammatoire » au long cours. Dans cette indication, les corticoïdes inhalés sont au premier plan des médicaments utilisés aux paliers thérapeutiques 2 (asthme persistant léger), 3 (asthme chronique modéré) et 4 (asthme chronique sévère). Vo i c i les paliers thérapeutiques schématiques, adaptables pour chaque patient, définis pour les adultes par les consensus internationaux (1, 4) (voir aussi lencadré 2 ). Les posologies des corticoïdes inhalés chez lenfant sont la moitié des posologies de ladulte.
Palier 1 : asthme intermittent
traitement de fond non nécessaire ;
traitement des symptômes : bêta-2-stimulant inhalé daction brève jusquà 1 fois par semaine. Un traitement plus intense est fonction de la sévérité des exacerbations (même à ce palier, une corticothérapie orale en cure courte de trois à dix jours peut savérer nécessaire) ; bêta-2-stimulant inhalé ou cromone avant un effort ou lexposition à un allergène.Palier 2 : asthme persistant léger
traitement de fond quotidien : corticoïde inhalé (200 à 500 mg), cromone ou théophylline à libération prolongée. Si nécessaire augmenter les corticoïdes inhalés jusquà 8 0 0 mg, ou ajouter un bronchodilatateur daction prolongée (en particulier en cas de symptômes nocturnes ) : bêta-2-stimulant inhalé daction prolongée, théophylline à libération prolongée ou bêta-2-stimulant oral à libération prolongée ;
traitement des symptômes : bêta-2-stimulant inhalé daction brève en fonction des besoins, sans dépasser 3 ou 4 prises par jour.Palier 3 : asthme persistant modéré
traitement de fond quotidien : corticoïde inhalé (800 à 2 0 0 0 mg) et bronchodilatateur daction prolongée (en particulier en cas de symptômes nocturnes) : bêta-2-stimulant inhalé daction prolongée, théophylline à libération prolongée ou bêta-2-stimulant oral à libération prolongée ;
traitement des symptômes : bêta-2-stimulant inhalé daction brève en fonction des besoins, sans dépasser 3 ou 4 prises par jour.Palier 4 : asthme persistant sévère
traitement de fond quotidien : corticoïde inhalé (1 600 à 2 0 0 0 mg ) et bronchodilatateur(s) daction prolongée (bêta- 2-stimulant inhalé daction prolongée et/ou théophylline à libération prolongée et/ou bêta-2-stimulant oral à libération prolongée) associés à un corticoïde oral au long cours ;
traitement des symptômes : bêta-2-stimulant inhalé daction brève en fonction des besoins.Les corticoïdes inhalés se sont montrés efficaces pour améliorer la fonction respiratoire, diminuer lhyper-réactivité bronchique, réduire les symptômes, réduire la fréquence et la gravité des crises et améliorer la qualité de vie. Dans lasthme chronique sévère, ils permettent de réduire le recours aux corticoïdes oraux au long cours (possibilités de réduction de posologie ou de sev r a g e ).
Les effets indésirables locaux des corticoïdes inhalés sont bien c o n n u s : possibilité de raucité de la voix et de candidose oro-pharyngée. Il persiste des incertitudes sur certains effets indésirables systémiques à long terme, pour des doses dépassant 400 à 500 mg/j chez lenfant et 800 à 1000 mg/j chez ladulte (1, 4, 47-51). Leffet freinateur sur laxe hypothalamo-hypophysaire paraît exceptionnel : quelques rares observations dinsuffisance surrénalienne ont été publiées. Un retentissement sur la croissance des enfants lors de traitements prolongés est possible. Aucune étude na montré de réduction statistiquement significative de la taille finale. Il est toutefois impératif de surveiller la courbe de croissance des enfants sous traitement corticoïde inhalé au long cours. En labsence détude prospective à long terme, les conséquences cliniques des traitements corticoïdes inhalés au long cours sur le métabolisme osseux restent inconnue .
Dans ces conditions, il est souhaitable :
chez lenfant, et éventuellement chez ladulte ayant un asthme persistant léger, de commencer un traitement préventif par une cromone durant au moins deux mois avant de passer, en cas déchec, à un traitement corticoïde inhalé (1, 4, 47);
de maintenir un traitement corticoïde inhalé au long cours à la dose minimale nécessaire pour maîtriser lasthme, et de passer à un palier thérapeutique inférieur en labsence de symptôme dasthme depuis plus de trois mois. Lutilisation dune chambre dinhalation diminue le risque deffets indésirables systémiques des corticoïdes inhalés à laide dun dispositif aérosol-doseur (1, 4, 47, 48, 50). Un rinçage de bouche après inhalation pourrait diminuer le risque deffets indésirables systémiques des corticoïdes inhalés ( 4 8 ) ;
de vérifier lobservance thérapeutique et la technique dinhalation, avant daugmenter la posologie devant un asthme mal maîtrisé ;
dévaluer les bénéfices et les risques avant de dépasser les posologies de 400-500 mg/j chez lenfant, ou de 800 - 1000 mg/j chez ladulte. De prendre lavis dun consultant spécialiste en cas de corticothérapie inhalée au long cours lorsque ces posologies sont dépassées (paliers thérapeutiques 3 et 4), en cas dindication de corticothérapie inhalée chez le petit enfant de moins de 3 ans, et a fortiori en cas dindication de corticothérapie orale au long cours (1, 4, 47). Ces précautions ne doivent pas faire oublier la gravité effective ou potentielle dun asthme, ni faire renoncer au traitement de fond qui a le mieux prouvé son efficacité. Deux cas particuliers sont soulignés :
le budésonide, corticoïde en solution pour nébulisation (indiqué uniquement chez lenfant) peut être utile chez le nourrisson et le jeune enfant atteints dasthme persistant modéré à sévère, incapables dutiliser lensemble aérosol doseur/chambre dinhalation associé au besoin à un masque facial ;
il ny a aucune justification à recommander lutilisation, en appareils générateurs daérosols, de formes injectables de corticoïdes (prednisolone, méthylprednisolone ou toute autre forme de corticoïde à usage systémique). Les risques de cette corticothérapie par nébulisation sont identiques à ceux résultant de leur utilisation orale ou parentérale.
Il y a trois indications différentes de la corticothérapie par voie générale dans lasthme. Dans lasthme aigu grave, lindication dune corticothérapie précoce par voie générale est consensuelle (1, 4, 47, 52, 53). Son efficacité retardée requiert deux à trois heures de délai, ce qui constitue un argument supplémentaire pour linstaurer précocement dans le schéma thérapeutique de la poussée aiguë dasthme. Il était fréquent dadministrer des fortes doses, par exemple jusquà 4 à 6 mg/kg de méthylprednisolone ou équivalent renouvelés si nécessaire toutes les six heures (20). Plusieurs études ont montré que des doses plus faibles de 1 à 3 m g / k g / j étaient aussi efficaces (47, 54-56). Il persiste des inconnues :
le choix du produit. Aucun produit na démontré sa supériorité par rapport aux autres. Parmi les formes injectables, il est préférable dutiliser les produits ne contenant pas de sulfites du fait du risque dintolérance à ces conservateurs dans certains asthmes ;
le choix de la voie dadministration (1, 4, 54). La voie injectable na pas montré de supériorité sur la voie orale. Elle peut cependant savérer la seule possible dans certaines situations durgence, ou en cas de survenue de troubles digestifs intercurrents.Dans lasthme chronique, en cas dexacerbation, la mise en route dune « cure courte orale » de corticoïdes (par exemple prednisolone 0 , 5 à 1 mg/kg/j, et jusquà 2 m g / k g / j chez lenfant) durant trois à dix jours est nécessaire (1, 4, 52) :
en cas de crise non maîtrisée en une heure par les bêta-2-stimulants inhalés daction brève (2 à 4 bouffées espacées, jusquà 3 fois dans la première heure) ;
en cas de dégradation lentement progressive de lasthme sur quelques jours, si une augmentation de la corticothérapie inhalée en cours savère inefficace ;
en cas dexacerbation modérée à sévère.Les traitements corticoïdes oraux en cures courtes (durée inférieure à dix jours) peuvent être interrompus brutalement, sans passer par une période de doses dégressives. Ils nentraînent pas les effets indésirables dune corticothérapie générale au long cours. Ils nont pas daction freinatrice de laxe hypothalamo-hypophysaire en deçà de quatre cures courtes annuelles (cures de trois à dix jours). Ils ne remplacent pas la corticothérapie inhalée préventive, qui doit être poursuivie durant la cure courte orale.
Dans lasthme chronique sévère ( stade 4), lutilisation des corticoïdes inhalés a rendu plus rare la nécessité du traitement corticoïde oral au long cours. Cette indication est devenue exceptionnelle en pédiatrie.
Les traitements corticoïdes oraux au long cours peuvent entraîner des effets indésirables bien connus qui doivent être mis en balance avec le risque évolutif de lasthme sévère. Ces effets indésirables comprennent : ostéoporose, hypertension artérielle, diabète, freination de laxe hypothalamo-hypophysaire, cataracte, atrophie cutanée, amyotrophie. Il convient de rechercher la dose minimale quotidienne efficace. La prednisone ou la méthylprednisolone sont généralement préférées du fait de leur demi-vie brève, de leur effet minéralocorticoïde minimal et de leurs effets limités sur le muscle strié.
Limmunothérapie spécifique par voie injectable (« d é s e n s i b i l i s a t i o n » ) est lobjet de travaux dévaluation, et son utilisation dans lasthme est controversée. La controverse ne porte pas sur lefficacité de la méthode, démontrée dans certaines conditions (voir plus loin), mais sur son rapport bénéfice/risque dans lasthme. Lindication de limmunothérapie spécifique dans lasthme nest actuellement pas admise dans certains pays (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Afrique du Sud) alors quelle est reconnue de manière plus ou moins restrictive dans la plupart des pays (Allemagne, pays scandinaves, France, Europe du Sud, États- Unis dAmérique).
Différents consensus (1, 4, 8, 15- 17, 57, 58) et des publications (59, 60) ont précisé les indications de limmunothérapie spécifique dans lasthme. Limmunothérapie spécifique nest pas une thérapeutique de première intention dans lasthme et concerne une minorité des patients asthmatiques, soigneusement sélectionnés. Elle peut être indiquée lorsque les conditions suivantes sont réunies :
il existe un facteur allergique déclenchant confirmé par la confrontation de lhistoire clinique et des tests allergologiques,
léviction ou lévitement de cet allergène savère impossible,
un traitement médicamenteux est en cours, au palier thérapeutique correspondant à la sévérité de la maladie (limmunothérapie spécifique peut être associée mais ne doit pas être substituée à ce traitement),
ce traitement adapté ne permet pas une maîtrise suffisante de la maladie.Lindication dune immunothérapie spécifique doit évaluer au mieux, pour un patient donné, les risques évolutifs de lasthme et les risques de cette thérapeutique (voir plus loin ). Elle doit permettre, à traitement médicamenteux identique, une réduction des symptômes.
Limmunothérapie spécifique par voie injectable (sous-cutanée) est la seule méthode validée en pratique courante. Dans lattente des résultats dessais cliniques en cours, le groupe de travail na pas pu conclure sur lintérêt des autres voies (orale, sublinguale ).
Plusieurs allergènes injectables ont montré une efficacité dans lasthme lorsque des extraits standardisés étaient utilisés à des doses suffisantes : les pollens de graminées, de bouleau et dambroisie, les acariens domestiques, les phanères danimaux (chat, chien) et deux moisissures (Alternaria et Cladosporium) (1, 37, 57, 59, 60). En labsence de preuve defficacité, dautres allergènes ne devraient pas être utilisés en immunothérapie spécifique chez les asthmatiques (en particulier poussières de maison, extraits bactériens, Candida albicans). En ce qui concerne les antigènes alimentaires, des essais cliniques sont en cours et ils ne devraient pas être utilisés, pour linstant, en dehors de ces évaluations.
Selon les consensus internationaux sur la prise en charge des asthmatiques, les patients sensibilisés à de multiples allergènes ne devraient pas recevoir une immunothérapie spécifique (1, 4). Selon un consensus européen sur limmunothérapie, lefficacité dune immunothérapie spécifique avec un allergène est peu probable en présence dallergies multiples ; pour des raisons pratiques, une immunothérapie spécifique avec plus de trois allergènes sans parenté est rarement indiquée (57).
Limmunothérapie spécifique est plus efficace chez lenfant (de plus de 5 ans) et ladulte jeune que chez les patients plus âgés ; les preuves defficacité nexistent pas chez lenfant de moins de 5 ans (1, 37, 57, 58).
Limmunothérapie spécifique comporte un risque de réaction allergique systémique. Les réactions anaphylactiques graves sont rares et exceptionnellement fatales. Elles justifient les précautions suivantes (1, 37, 57-59) :
respecter les contre-indications absolues : affections malignes ou dysimmunitaires, circonstances rendant difficile le traitement des réactions anaphylactiques (pathologie coronarienne symptomatique, hypertension artérielle sévère, traitement par bêtabloquant même sous forme topique), défaut daccord du patient pour une observance régulière ;
penser aux contre-indications relatives : enfant de moins de 5 ans , sujet âgé, grossesse (du fait du risque que représenterait un choc anaphylactique pour la mère et le ftus ; il est cependant habituel de poursuivre une immunothérapie commencée avant la grossesse et bien tolérée), asthme sévère non maîtrisé par le traitement médicamenteux (en particulier si le VEMS est constamment inférieur à 70 % de la valeur attendue), asthme nécessitant une corticothérapie orale continue ;
prescription par un médecin expérimenté en allergologie ;
administration par un médecin (ou sous sa surveillance directe), à même de reconnaître rapidement une réaction anaphylactique et de mettre en route des soins adaptés : en particulier, il doit disposer dadrénaline à portée de main ;
éviter toute erreur de posologie (flacon correspondant à la concentration correcte, et volume injecté) ;
surseoir à linjection : si le patient a des symptômes dasthme et si le VEMS (ou le DEP) est inférieur à 70 % de la valeur attendue ; en cas de maladie intercurrente en particulier fébrile (61) ;
surveiller le patient durant au moins trente minutes après linjection.
Lefficacité individuelle dune immunothérapie spécifique sévalue sur lévolution de la clinique, de la fonction respiratoire et de la consommation médicamenteuse (bêta-2- stimulants inhalés daction brève pris en fonction des symptômes). Les tests allergologiques sont sans intérêt pratique pour suivre lefficacité dune immunothérapie spécifique dans lasthme (57).
Pour juger de labsence defficacité et décider labandon dune immunothérapie spécifique, une période de six à douze mois est suffisante (il faut pouvoir juger lefficacité sur une saison pollinique au moins pour les allergies aux pollens).
Lorsque limmunothérapie spécifique apparaît efficace, il faut la poursuivre durant trois à cinq ans pour limiter les risques de rechute à larrêt du traitement (1, 37, 57, 58). Ces rechutes sont toutefois possibles et non prévisibles. La durée idéale dune immunothérapie spécifique nest pas connue à ce jour.