SURVEILLANCE DE LA GROSSESSE

FMC du 20 Février 2001 par le Dr. FILLON Gynéco-obstétricien Clinique des Augustines Malestroit

Le texte suivant reprend des extraits des recommandation de l'ANAES de 1996, texte intégral téléchargeable en pdf sur

http://www.anaes.fr/anaes/Publications.nsf/wEdition/RA_APEH-3YJ9BF?OpenDocument&Retour=wSpecialites?OpenView

ou sur la disquette remise aux participants de cette réunion

PLAN

(seules les parties comportant un lien ont été reprises ici, car concerne plus précidément le généraliste)

Mettre à jour vos connaissances globales :

Faire le point sur les examens complémentaires :

Mieux connaître une pathologie lors de la grossesse :

Répondre à une demande précise concernant :

Enfin, vous disposez de :


Chapitre 1

LES CONSULTATIONS

André BENBASSA, Jean-Marie THOULON

La grossesse n'est pas une maladie.

Les consultations prénatales obligatoires, au nombre de 7, ont un double objectif :

Détendu mais vigilant, tel doit être le climat des consultations prénatales. Une attitude un peu trop inquisitoriale, un examinateur anxieux ou un suivi par un personnel médical changeant comportent des effets pervers.

De normale, la grossesse peut devenir ou être vécue à haut risque, avec comme corollaire :

Nous rappellerons ici le schéma de consultations optimales, en renvoyant, pour les détails, aux chapitres concernés

I. PREMIERE CONSULTATION de SURVEILLANCE PRÉNATALE

(Décret n° 92-143 du 14 février 1992 relatif aux examens obligatoires : prénuptial, pré- et postnatal)

La première consultation prénatale doit avoir lieu avant 14 semaines d'aménorrhée (SA). Les objectifs de cette consultation sont de :

À l'issue de cette première consultation, il convient de :

1. Confirmer l'état de grossesse

Facile : cas le plus fréquent ou plus difficile : penser à la valeur de l'échographie (cf. chap. 3).

2. Grossesse normale ou anormale ?

La grossesse est le plus souvent normale (de 80 à 90 % des cas).

3. Déterminer le terme (cf. chap. 3)

4. Évaluer les facteurs de risque

L'évaluation doit être précoce, méthodique et conduire à demander un avis spécialisé.

4.1. Antécédents obstétricaux

Le maximum de précisions doit être obtenu. Des documents précis tirés des dossiers antérieurs seront demandés, par exemple : date exacte de l'avortement spontané ou provoqué, de l'arrêt de grossesse, poids du foetus, compte rendu anatomo-pathologique, autopsie, terme de l'accouchement en SA, poids de l'enfant, état néonatal précoce et tardif, déroulement de la grossesse (MAP) et de l'accouchement, modalité de l'extraction, compte rendu opératoire si césarienne, compte rendu d'hospitalisation.

Dans certaines affections, le risque de récidive existe, souvent au moment même où la précédente pathologie s'est produite.

En cas d'anomalie malformative de l'enfant, l'enquête génétique, si elle n'a pas été faite en période préconceptionnelle, est indispensable dès le début de la grossesse (cf. chap. 9).

Antécédents obstétricaux Risques potentiels Mesures à prendre
Avortement spontané Récidive
Avortement spontané itératif sup. 2 Récidive
Avortement spontané tardif Récidive - AP Consultation spécialisée
Maladie abortive Récidive +++ Consultation spécialisée
Mort foetale in utero Récidive Consultation spécialisée
Accouchement prématuré Récidive (x2 à 3) Consultation spécialisée
RCIU Récidive Consultation spécialisée
Macrosomie Récidive - Diabète Consultation spécialisée
Malformation foetale Récidive Consultation spécialisée
Anomalie chromosomique Récidive Consultation spécialisée
Maladie héréditaire génique Récidive Consultation spécialisée
Allo-immunisation Récidive Consultation spécialisée

 

4.2. Antécédents gynécologiques

Les grossesses survenant après infécondité seront surveillées spécialement au premier trimestre.

Facteurs gynécologiques Risques potentiels Mesures à prendre

Antécédents infectieux pelviens, port antérieur d'un DIU chez nullipare, pathologie tubaire connue

GEU Consultation spécialisée, Echographie vaginale
Assistance médicale à la procréation (induction ovulation, IIU, FIV...) Grossesse multiple, GEU, RCIU Consultation spécialisée
Endométriose Avortement Consultation spécialisée
Malformation utérine Avortement Consultation spécialisée
Syndrome Distilbène AP, avortement, RCIU Consultation spécialisée
Fibromyomatose utérine AP, avortement, RCIU, hématome rétroplacentaire Consultation spécialisée

4.3. Antécédents héréditaires

Ce sont essentiellement des facteurs maternels qui doivent être recherchés.

Facteurs héréditaires Risques potentiels Mesures à prendre
HTA, toxémie, Hypertention, Consultation spécialisée
Syndromes vasculo-rénaux Toxémie gravidique Discuter aspirine
Diabète Diabète gestationnel Consultation diabétologue
Pathologie malformative Malformation à transmission héréditaire Conseil génétique

4.4 Antécédents médicaux

Toutes les maladies préexistantes à la grossesse entraînent un risque d'aggravation de la morbidité périnatale. La surveillance doit être multidisciplinaire car le bon déroulement de la grossesse dépend souvent autant du traitement de la maladie que de la surveillance prénatale.

Affections maternelles Risques potentiels Mesures à prendre
Cardiopathie (rare) RCIU, AP Consultation cardiologue
Insuffisance respiratoire (rare) RCIU Consultation anesthésiste
Diabète Aggravation, risques malformatifs, mort foetale in utero, macrosomie, traumatisme foetal. Consultation diabétologue
Syndrome vasculo-rénal Hypertension, toxémie, hématome rétroplacentaire, Consultation spécialisée, discussion : aspirine
Pathologie voie urinaire Hypertension, RCIU, AP.
Lupus RCIU, AP, mort foetale in utero Consultation spécialisée
Épilepsie Aggravation, risque malformatif Consultation neurologue, diagnostic prénatal
Traumatisme bassin colonne Traumastisme foetal cf. consultation 8e mois
Hépatite, VIH Risque foetal, néonatal cf. consultation 8e mois
Anémie RCIU, AP cf. consultation 8e mois

4.5. Facteurs individuels et sociaux

Ils jouent un rôle important dans la genèse de l'accouchement prématuré ; certains sont connus, d'autres le sont moins car moins bien étudiés, notamment les facteurs psychologiques.

Facteurs Risques potentiels Mesures à prendre
Âge inférieur à 16 ans AP
Âge supérieur à 38 ans Aberration chromosomique, AP, malformation foetale, hypertension, toxémie, morbidité périnatale augmentée. Consultation génétique
Poids, maigreur AP, RCIU Conseil diététique
Obésité Diabète gestationnel, macrosomie, toxémie Conseil diététique
Taille inférieure à 1,50 m RCIU, rétrécissement pelvien Cf. consultation 8e mois
Drogues - tabac Drogues illicites AP RCIU Conseils
Conditions socio-économiques défavorables, migrants... AP RCIU Établir relations avec les organismes sociaux
Ou trop favorables, femmes professionnellement hyperactives... Idem
Facteurs psychologiques AP

5. L'examen clinique

L'examen général

Il est essentiel, notamment les impressions cliniques, sorte de coup d'oeil du professionnel, évaluation de la taille, corpulence, poids antérieur à la grossesse, attitude physique.

L'examen obstétrical

La palpation est peu informative avant 8 SA. L'examen au spéculum est indispensable.

Le toucher vaginal permet d'affirmer la taille et la forme de l'utérus (conforme, bicorne) et de palper les culs-de-sac latéraux à la recherche d'une pathologie annexielle, mais aussi l'état du vagin (cloison).

6. Déclaration de grossesse

Celle-ci sera effectuée sur les fascicules adaptés, délivrés par les Caisses de Sécurité Sociale et des Allocations Familiales.

Seront précisées :

7 Examens complémentaires

Biologiques (cf. chap. 4).

Échographiques (cf. chap. 5).

8. Plan de surveillance de la grossesse

À l'issue de cet interrogatoire et de ces examens, un plan de surveillance est établi en fonction du risque statistique ou individuel.

Des décisions urgentes ou appropriées (voir interruption volontaire de grossesse pour motif thérapeutique) peuvent être prises dans certaines situations particulières : risque génétique (cf. chap. 9), risque tératogène (cf. chap. 17), risque maternel immédiat (cardiopathie décompensée, diabète grave, hypertension artérielle chronique sévère, insuffisance rénale, patiente transplantée, cancer du sein, cancer du col).

Dans la plupart des cas, on laisse évoluer la grossesse en sollicitant l'avis de spécialistes qualifiés avant la déclaration de la grossesse.

Ajustement thérapeutique : dans certaines pathologies après concertation :

Heureusement, la grossesse est un processus physiologique et, dans 90 % des cas, il n'y a pas lieu d'envisager une stratégie de surveillance particulière en dehors des consultations réglementaires. L'optimisme médical est important et doit être transmis à la patiente afin de ne pas transformer en parcours du combattant ce qui doit être un moment de bonheur et d'épanouissement.

9. Conseils à la patiente

Tout est affaire de bon sens, tout excès est déconseillé. La grossesse n'est pas un long chemin, semé "d'interdits et de permis" alignés sur des listes où la recherche de l'exhaustivité confine au ridicule et aggrave la culpabilité de patientes trop scrupuleuses ou négligentes.

II. AUTRES CONSULTATIONS (sauf 8 et 9 ème mois)

Les objectifs sont de :

1. L'interrogatoire

2. L'examen clinique (cf. chap. 19)

La pesée

La prise de poids est portée sur une courbe en fonction du terme. Toute prise de poids rapide est considérée comme un signe d'alerte, en particulier vasculo-rénal.

Mesure de la hauteur utérine

La palpation abdominale

Le coeur foetal

Le toucher vaginal

C'est un temps essentiel de l'examen, dans quelques pays d'Europe et notamment en France. Le toucher vaginal est considéré comme une aide pour dépister et confirmer une menace d'accouchement prématuré (MAP). Ce n'est pas le cas dans d'autres pays tels que les pays anglo-saxons, l'Espagne, l'Amérique latine.

La tension artérielle :

l'idéal est de la mesurer tous les 15 jours à partir de 32 SA.

3. Surveillance clinique renforcée

En fonction des antécédents, des facteurs de risque évalués lors des premières consultations, de la survenue d'éléments anormaux révélés par la patiente, l'examinateur ou l'échographiste, la surveillance prénatale pourra être renforcée, selon un rythme de consultations et de modalités d'investigations propres à la pathologie révélée.

Cette surveillance sera évidemment d'autant plus étroite que l'on s'approche du terme. Citons les principales situations à risque :

4. Les examens complémentaires

III. PARTICULARITES DE LA CONSULTATION DU 8e ET DU 9e MOIS

(Les consultations du 8 ème et 9 ème mois devant être effectuées par l'équipe obstétricale, elles ne seront pas abordées ici)

IV. CONSULTATION D'ANESTHESIE

Non abordé ici

V. CONSULTATION DE PEDIATRIE (VUE PAR L'OBSTETRICIEN)

Non abordé ici


Chapitre 2

L'EXAMEN CLINIQUE

Élisabeth BLANCHARD, Annie DELAYEN, Gérard LANZ

L'examen clinique est un acte essentiel qui, pour être efficace, doit être mené dans de bonnes conditions, en respectant les principes de confort, d'hygiène et de sécurité. L'examen associe un examen général et un examen obstétrical.

I. L'EXAMEN GENERAL

1. Recherche d'une glycosurie et d'une albuminurie

2 Pesée

Si possible, toujours sur la même balance. La prise de poids, qui doit être harmonieuse, ne doit pas excéder 12 kg en moyenne à terme.

3. Mesure de la pression artérielle (PA)

A chaque consultation prénatale. Avant l'examen obstétrical, après une phase de repos en position assise, bras nus, avec un brassard adapté (brassard pour obèse si la circonférence du bras est supérieure à 30 cm). La diastolique est définie comme le 4e bruit de Korotkoff (le 5e bruit est souvent très bas). Une systolique e 140 mm Hg et/ou une diastolique = à 90 mm Hg, à 2 reprises, à 6 heures d'intervalle, est/sont pathologique(s). Une élévation anormale de la PA fera rechercher systématiquement des signes fonctionnels d'hypertension.

4. Inspection générale

Elle comprend, en particulier, le rapport taille/poids, l'examen de la peau (lésions et/ou cicatrices), des conjonctives, des dents et des gencives, la recherche d'une pathologie veineuse, la mise en évidence d'une myopie, d'une boiterie à la marche.

5. Auscultation cardio-pulmonaire

Systématique lors de la première consultation.

6. Examen des seins

Au moins une fois en début de grossesse, à la recherche d'une anomalie du mamelon (bout de sein ombiliqué par exemple), d'une tumeur avec ou sans adénopathie axillaire et d'un écoulement mammaire ; la surveillance des seins pendant la grossesse fait partie des mesures générales de prévention et s'inscrit, en outre, dans le cadre de la préparation et de la prophylaxie de l'allaitement maternel.

II. L'EXAMEN OBSTETRICAL

1. Inspection de l'abdomen

À la recherche de cicatrices et avec observation, suivant le terme, de la forme de l'utérus.

2. Palpation abdominale

La patiente est installée en décubitus dorsal, membres inférieurs étendus, les mains de l'examinateur sont posées à plat sur l'abdomen et dépriment doucement sa paroi de la pulpe des doigts ; l'exploration est méthodique et indolore, commençant par la région sus-pubienne, continuant par le fond utérin et se terminant par les parties latérales de l'utérus.

À partir de la 28e SA, la palpation devient un élément diagnostique et pronostique fondamental de l'examen obstétrical, avec ses 3 objectifs dans le temps et suivant le terme :

Par ailleurs, la palpation donne le plus souvent lieu à des mouvements actifs (perçus en moyenne à partir du 4e mois) ; excellent indice de réactivité du foetus.

3. Mesure de la hauteur utérine (HU)

En décubitus dorsal, vessie préalablement vidée, avec un mètre ruban déroulé à partir du bord supérieur de la symphyse pubienne, selon l'axe de l'utérus, jusqu'au fond utérin ; le chiffre correspondant à la hauteur utérine est indiqué par le bord cubital de la main qui tient le mètre ruban (Giraud, 1982). Il faut insister sur l'intérêt de la mesure par un même examinateur au cours de la grossesse.

• Entre 4 et 7 mois, on multiplie par 4 le nombre de mois pour obtenir la hauteur utérine moyenne correspondante (Vokaer, 1983). La règle est valable jusqu'à terme si l'on retranche 2 cm les 2 derniers mois (Lansac, 1990).

La hauteur utérine doit augmenter entre 2 examens successifs à 1 mois d'intervalle. Ses anomalies (excès ou augmentation trop rapide, insuffisance) doivent conduire à un certain nombre de diagnostics différentiels d'une pathologie ovulaire, foetale et/ou maternelle (cf. chapitres correspondants). Il pourra également s'agir d'une grossesse plus avancée ou plus jeune, voire d'un arrêt de la grossesse ; le premier temps de la démarche étiologique consistera donc impérativement en la vérification du terme.

4. Auscultation des bruits du coeur foetal (BDC)

• À partir de 12-15 SA, la mise en évidence des souffles placentaires et/ou bruits du coeur requiert l'emploi d'un détecteur à ultrasons utilisant l'effet Doppler, placé au niveau de la région hypogastrique ;

• À partir de 20-22 SA, l'auscultation à l'aide d'un stéthoscope obstétrical uni-auriculaire (stéthoscope de Pinard) est recommandée. La localisation des bruits du coeur varie avec le terme, la position, la présentation et le côté du dos du ou des foetus (l'épaule antérieure est un bon repère).

L'auscultation foetale doit, en outre, associer le comptage de la fréquence des bruits du coeur (à dissocier du pouls maternel). Le rythme de base se situe entre 110 et 160 bpm.

Des accélérations peuvent être contemporaines des mouvements actifs foetaux.

Toute anomalie du rythme cardiaque foetal (RCF) : bradycardie, tachycardie, décélérations, arythmie, nécessite un bilan étiologique selon le terme et le contexte clinique comprenant, entre autres, une échographie doppler et un monitorage cardiotocographique.

5. Examen de la vulve et du périnée

Examen des lèvres et de l'hymen.

Recherche de lésions cutanéo-muqueuses (condylomes, herpès), de cicatrices et en particulier de mutilations (excision des nymphes, clitoridectomie) et d'une pathologie veineuse (varices vulvaires, hémorroïdes).

6. Examen au spéculum

Il est systématiquement, en début de grossesse, pratiqué avant le toucher vaginal ; puis sur indication médicale ultérieurement, en cas de leucorrhées pathologiques ou d'un écoulement de liquide, ou pour objectiver des métrorragies. Un frottis cervico-vaginal sera réalisé à l'occasion de cet examen si le dernier date de plus de 2 ans.

La patiente est en position gynécologique, vessie vide ; le spéculum, de taille adaptée, est introduit selon un plan oblique puis progressivement orienté à 90° afin de placer ses valves transversalement à la fente vulvaire ; la pose doit être indolore sans nécessiter de lubrifiant.

7. Toucher vaginal

L'utilisation d'un doigtier stérile à usage unique, lubrifié ou non, est de rigueur. La femme est installée en position gynécologique sur un plan dur, vessie et (si possible) rectum vides ; la main abdominale permet de combiner le palper au toucher.

• Le toucher vaginal a différents objectifs suivant le terme auquel il est réalisé :

Le col est défini par sa position, sa longueur, sa consistance et son degré de fermeture ou d'ouverture ; il est important de rappeler qu'il ne faut, en aucun cas, forcer l'ouverture du col, le cathétériser et dépasser son orifice interne (OI) avant terme ; cela afin d'éviter le risque infectieux et le traumatisme qui peut être responsable d'une rupture des membranes ou d'une hémorragie (attention aux languettes placentaires).

Le segment inférieur se forme au troisième trimestre entre le corps et le col utérin ; d'abord épais, il s'amplifie et s'amincit en se moulant sur le pôle foetal, généralement en fin de grossesse chez la primipare et en début de travail chez la multipare. La bonne ampliation est un élément favorable du pronostic de l'accouchement.

• Le diagnostic de présentation, posé lors de la palpation abdominale, est confirmé par le toucher vaginal. Celui-ci précise la hauteur de la présentation (situation de son point le plus bas par rapport au plan des épines sciatiques : présentation haute et mobile, appliquée, fixée, engagée ou basse).

• L'examen clinique du bassin est essentiel et doit être systématique à la consultation du 8e mois. Il vise à dépister les anomalies de formes et de dimensions, ainsi qu'à rechercher des malformations et des lésions traumatiques (cals de fractures). Il relève du spécialiste.


Chapitre 3

DIAGNOSTIC DE LA GROSSESSE ET AGE GESTATIONNEL

André BENBASSA, Francis PUECH

La datation du début de la grossesse permet le calcul précis de l'âge de la grossesse (âge gestationnel) : cette mesure est essentielle dans la surveillance prénatale.

Elle doit être réalisée dès la première consultation prénatale. Si cette première consultation n'a pas lieu au cours des trois premiers mois, la précision sera moindre.

I. DIAGNOSTIC DE GROSSESSE

1. Facile

2. Plus difficile

En l'absence des informations précédentes : femme mal réglée, ou date imprécise des dernières règles, ou saignement chronologiquement anormal :

3. Grossesse normale ou anormale ?

La grossesse est le plus souvent normale.Néanmoins, dans les cas de douleurs pelviennes, associées ou non à des saignements chez des femmes aux antécédents de chirurgie tubaire ou de pathologie infectieuse, chez des femmes âgées ou pour une grossesse à la suite d'une assistance médicale à la procréation, il conviendra de pratiquer une échographie pelvienne. Elle permettra d'affirmer, avec des ß hCG plasmatiques = 1 500 UI/L :

• Une grossesse normale intra-utérine, évolutive ;

• Une grossesse anormale :

II. DETERMINER L'AGE GESTATIONNEL

La datation du début de la grossesse est très importante : elle permet le calcul de l'âge gestationnel.

Sur le plan légal : déclaration aux organismes sociaux - début du congé prénatal.

Sur le plan médical : cette mesure est indispensable pour les diagnostics de prématurité, de postmaturité et des pathologies de la croissance foetale (hypotrophie ou macrosomie), ainsi que pour établir la plupart des indications thérapeutiques obstétricales.

L'âge gestationnel s'exprime en semaines d'aménorrhée révolues (SA), à partir du premier jour des dernières règles normales. Une détermination imprécise et/ou tardive conduit à des diagnostics erronés ainsi qu'à des conduites obstétricales inadaptées.

1. Il n'y a pas de difficulté à déterminer le terme

Dans l'hypothèse où l'état de grossesse est facile à confirmer (cf. I.1), la clinique suffit :

 partir de l'ovulation : la durée moyenne de la grossesse est de 270 jours, ou 38 SA et 5 jours ou 9 mois (exemple : ovulation, le 15 juin : terme fixé 15 + 9 mois (ou 15 - 3 mois) soit le 15 mars).

• Â partir du premier jour des dernières règles : le terme sera fixé : 40 SA et 4 jours après, soit 284 jours d'aménorrhée. Selon le mode de calcul de Naegele, on ajoute 10 jours à la date du premier jour des règles puis on retranche 3 mois. Exemple : DR le 1er janvier 1995 + 10 soit le 10 janvier 1995 (début de grossesse), 3 mois, donc le 10 octobre 1995 (accouchement prévu). Cette manière de faire permet de tenir compte de la variation des mois de 28, 30 ou 31 jours.

2. Dans le cas contraire

La détermination de l'âge gestationnel doit être faite par l'échographie dont c'est un des intérêts majeurs dans les trois premiers mois. En effet, les paramètres biométriques échographiques, au premier trimestre de la grossesse, ont une faible variabilité et, durant cette période, la croissance embryonnaire est très rarement perturbée. La clinique (mesure du volume utérin, auscultation des bruits du coeur foetal) ou le dosage des ß hCG plasmatiques) n'ont pas d'intérêt.

• AVANT 6 SA : l'échographie est peu pertinente.

• À 6 SA REVOLUES : la mesure du sac embryonnaire (il passe de 10 à 20 mm de 5 à 6 SA) est peu précise.

• DE 6 A 12 SA REVOLUES (précision ± 3 jours) :

Âge en SA LCC (mm)
6 5
7 10
8 16
9 23
10 32
11 44
12 56

 

• APRES 12 SA REVOLUES (précision ± 5 jours) : la confrontation entre la mesure du diamètre bipariétal et la longueur du fémur détermine l'âge gestationnel.

• AU-DELA DE 22 SA (précision ± 7 jours) : il existe des paramètres échographiques qui peuvent être encore très fiables parce que non modifiés lors des circonstances pathologiques.

Une fois l'estimation de la date de début de la grossesse faite, il faut la considérer comme définitive, sauf si une erreur de calcul ou de raisonnement est mise en évidence.


Chapitre 4

LES EXAMENS BIOLOGIQUES

I. RAPPEL DES EXAMENS OBLIGATOIRES (DECRET DU 14 FEVRIER 1992)

Marc LAVILLE

1er examen En cas de première grossesse
  • détermination des groupes sanguins (ABO, phénotype Rhésus complet et Kell) si la patiente ne possède pas de carte de groupe sanguin complète (2 déterminations)
Dans tous les cas
  • dépistage de la syphilis
  • sérologie de la rubéole et de la toxoplasmose en l'absence de résultats écrits permettant de considérer l'immunité comme acquise
  • la recherche d'anticorps irréguliers, à l'exclusion des anticorps dirigés contre les antigènes A et B ; si la recherche est positive, l'identification et le titrage des anticorps sont obligatoires
À partir du 2e examen prénatal Si l'immunité n'est pas acquise
  • la sérologie toxoplasmique est répétée chaque mois
4e examen 6e mois
  • dépistage de l'antigène HbS
  • numération globulaire,
  • recherche d'anticorps irréguliers, chez les femmes Rhésus négatif ou précédemment transfusées
6e ou 7e examen
  • 2e détermination du groupe sanguin ABO, Rhésus standard si nécessaire
6e et 7e examens 8e et 9e mois
  • chez les femmes à rhésus négatif ou précédemment transfusées, la recherche d'anticorps irréguliers
Examen postnatal dans les huit semaines qui suivent l'accouchement

A chaque examen prénatal, pratiquer une recherche du sucre et de l'albumine dans les urines (bandelettes urinaires).

II. LES AUTRES EXAMENS BIOLOGIQUES

1. Prélèvements vaginaux

Catherine TCHOBROUTSKY

Les objectifs

Les indications sont :

L'interprétation des résultats

La présence de streptocoque B (S. agalactiæ) est un élément important à connaître pour l'obstétricien et le pédiatre : la prévalence des porteuses est fréquente (de 4 à 25 % des femmes enceintes) ; de 60 à 70 % des enfants de ces femmes naissent colonisés ; de 1 à 2 % ont une maladie néonatale grave. Le streptocoque B favorise les ruptures précoces des membranes et la prématurité.

Les vaginoses (vaginites non spécifiques) sont caractérisées par :

1°) la disparition de la flore lactique (bacilles de Döderlein) ;

2°) par la prolifération d'agents infectieux très divers, isolés ou associés ; Gardnerella vaginalis, germes anaérobies, (rarement mis en évidence), mycoplasmes.

La responsabilité des vaginoses semble établie dans les accouchements prématurés, les chorio-amniotites et les endométrites post-partum.

La recherche de mycoplasmes (Mycoplasma hominis, Ureaplasma urealyticum) et de chlamydiæ doit se faire sur des milieux spéciaux et doit être demandée spécifiquement (cf. chap. 21).

Le gonocoque est très rare.

Le trichomonas (plus rare actuellement) et les candidoses sont gênants pour la femme, mais très rarement dangereux pour l'enfant.

Les traitements

Doivent être impérativement traités : le gonocoque, la chlamydia.

Ne doit pas être traité en cours de grossesse (sauf rupture des membranes) : le streptocoque B (traitement inutile car récidive immédiate). L'opportunité d'un traitement antibiotique sera discutée en cours de travail.

• Le traitement systématique des vaginoses et/ou des mycoplasmes est discuté : il ne s'impose que s'il existe des signes cliniques (antécédents, menace d'accouchement prématuré). Le traitement des vaginoses fait appel à l'ampicilline per os pendant 10 jours, associé à partir du 2e trimestre au metronidazole local. Les mycoplasmes sont difficiles à éradiquer en cours de grossesse : ils peuvent être traités par l'érythromycine.

2. Recherche de l'infection urinaire

Catherine TCHOBROUTSKY

Les dosages biologiques, dont la liste est établie ci-dessous, ne doivent jamais être demandés à titre systématique pendant la grossesse normale, sauf pour les examens prescrits par la loi et en cas de pathologie gravidique ou intercurrente. Les normes sont parfois modifiées par la grossesse et leur interprétation doit tenir compte de l'état gravidique.

Asymptomatique

L'intérêt est double :

Les moyens dont on dispose sont :

Les indications du dépistage sont :

• Les antécédents d'infection urinaire ; une uropathie préexistante ; un diabète : dans tous ces cas, une infection urinaire asymptomatique doit être recherchée tous les mois (ECBU) ;

• Il serait hautement souhaitable de rechercher une infection urinaire chez toutes les femmes enceintes au moins une fois (maximum d'efficacité : 16-17 SA) (bandelettes).

Devant toute fièvre, a fortiori s'il existe des signes urinaires, un ECBU et une hémoculture, doivent être pratiqués et les antibiotiques commencés sans en attendre le résultat. La présence de nitrites et de leucocytes permet une orientation diagnostique rapide.

3 Évaluation biologique du risque de la trisomie 21

Michel TOURNAIRE, André BENBASSA, Jean-Marie THOULON

Les dosages sériques maternels au nombre d'au moins deux (hCG + alpha-foetoprotéines et/ou l'oestriol), en combinaison avec l'âge maternel,(NB du webmaster : et de l'épaisseur de la clarté nucale) permettent une évaluation du risque de trisomie 21, exprimée en pourcentage.

Au-dessus d'un certain seuil, une amniocentèse pour caryotype foetal est proposée. On peut retenir le seuil de 1/250 qui permet le dépistage de 60 % des trisomies 21 au prix de 5 % d'amniocentèses.

Conditions de dépistage :

Une information complète du couple est indispensable avant de réaliser l'examen. Elle est rendue obligatoire par le décret n° 95-559 du 6 mai 1995 (article R.162-16-7), portant application de la loi dite de bioéthique (29 juillet 1994).

Elle doit porter sur les possibilités de cette méthode, mais aussi sur ses limites :

Sur le plan technique, il faut respecter des conditions de prélèvement particulières :