MIGRAINES
FMC
du 22 juin 2004 : F Chédeville. Neurologie. CH Bretagne Atlantique -
Vannes
Epidémiologie
- 17 %
de la population générale
- 3 femmes
pour un homme
- Début
dans 90% des cas avant 40 ans
- Enfant:
prévalence 5 à 10%
- Pic
chez la femme de la quarantaine (25%)
- MSA
2 fois + fréquente que MA
- Catégories
socioprof intermédiaires plus touchées que les intellectuels
et cadres sup
- Handicap
fonctionnel: alitement dans 30 à 40%
Physiopathologie
Complexe
et mal élucidée
- Réflexe
trigémino-vasculaire: origine de la céphalée
-
libération de peptides vasoactifs responsables d ’une
inflammation neurogène au niveau des méninges (vasodilatation
artérielle, activation orthodromique des fibres du trijumeau…)
- Primum
movens:
-
Situé dans les structures corticales quand aura: « dépression
corticale propagée » (hypoperfusion + hyperexcitabilité
neuronale progressant des régions postérieures vers l ’avant).
Formation
de NO d ’où sensibilisation trigéminale.
-
Situé dans les stuctures limbiques sous corticales dans les MSA
(hyperactivité anormale).
- Role
des récepteurs sérotoninergiques
-
récepteurs 5 HT1: inhibiteurs de la transmission de la douleur
au niveau du SNC .
-
Récepteur 5 HT1 D alpha localisé sur les terminaisons
nerveuses du trijumeau: inhibiteur de la libération des neuropeptides
à l ’origine de l ’inflammation neurogène
(Mais plus encore le 5HT1 B?).
- Prédisposition
génétique
-
Entre 34 et 90 % de cas familiaux
-
Implication dans la réactivité anormale du système
T- vasculaire
-
Mutation du gêne méthyltétrahydrofolate réductase
(MTHFR) augmente significativement le risque de maladie migraineuse
Diagnostic :
Critères : ceux de l ’IHS (International Headache Society)
Migraine avec aura: description des auras.
- Visuelle,
la plus fréquente
-
bilatérale, persiste à la fermeture
-
scotome scintillant: point lumineux et scintillant, se propageant vers
la périphérie du champ visuel et laissant place à
un scotome
-
phosphènes: hallucinations visuelles élémentaires,
brillantes ou colorées à type de taches, zigzags, éclairs
ou étoiles
- Hémianopsie
Latérale Homonyme, métamorphopsies plus rares
- Sensitive
- souvent
suite à aura visuelle
- paresthésies
unilatérales de distribution chéiro-orale
- Aphasique,
hémiparétique...
Place
des examens complémentaires ?
- Aucune
indication dans la grande majorité des cas
- TDM
cérébrale, IRM cérébrale indiquées (voire
EEG,PL...)
-
Céphalée De Novo ne présentant pas les critères
de l ’IHS
-
Examen clinique douteux (désordre organique sous jacent)
-
Auras inhabituelles surtout si non suivies de la céphalée
-
troubles de vigilance, troubles sensitifs bilatéraux, ataxie
,dysarthrie, diplopie (dans la migraine basilaire)
-
ophtalmoplégie (migraine opthalmoplégique)
-
trouble visuel monoculaire (migraine rétinienne)
-
persistantes (plus d ’une semaine…)
2 profils évolutifs particuliers:
- Etat
de mal migraineux:
-
persistance au delà de 72 heures d ’une céphalée
migraineuse
-
associé fréquemment à abus de ttt de la crise
- état
anxieux ou anxiodépressif généralement présents
- Migraine
chronique:
-
céphalées migraineuses + de 15 jours par mois
-
pendant plus de 3 mois
-
en l ’absence d ’abus médicamenteux (IHS
2004: « probable migraine chronique »
quand abus médicamenteux)
Particularités pédiatriques:
- crises
plus courtes (2 à 48 heures)
- localisation
frontale, bilatérale plus fréquente
- paleur
inaugurale fréquente
- troubles
digestifs au premier plan
- « équivalents
migraineux »
-
vertiges aigus récidivants
-
vomissements cycliques
-
douleurs abdominales récurrentes
-
torticolis bénin paroxystique (IHS 2004)
Traitement
Mesures générales:
- Rechercher
et (si possible) traiter les facteurs déclenchants:
-
anxiété, syndrome dépressif
-
alimentation (alcool, chocolat, graisses cuites, agrumes, fromages)
-
facteurs hormonaux (contraceptifs, règles)
-
facteurs sensoriels (lumières, bruits, odeurs…)
-
facteurs climatiques (vent chaud, chaleur, orage humide…)
-
modification du mode de vie (déménagement, voyage, vacances…)
- Evaluer
le handicap: agenda des crises +++
Traitement de la crise
- Gestes
simples pour soulager la céphalée: application de froid ou de
chaleur sur le crane, pression sur la tempe, repos à l ’abri
du bruit et de la lumière, prise de thé (?). Caféine
non recommandée (risque d ’abus voire de comportement addictif)
- Antalgiques
simples (Aspirine, paracetamol) et AINS (naproxène, ibuprofène,
kétoprofène, diclofénac) à privilégier
en première intention +++.
- A prendre
le plus tôt possible
- Eviter
les opioïdes (codéine, dextropropoxyphène, tramadol…),
risque d ’abus médicamenteux, d ’addiction
- Si échec/mauvaise
tolérance/abus prescrire sur la même ordonnance AINS et Triptans.
Si échec 2 h après prise de l ’AINS prendre le Triptan
(Triptan d ’emblée si AINS mal toléré)
- Triptans:
-
Traitement spécifique (agoniste des récepteurs 5HT1D)
-
5 molécules:
-
almotriptan (Almogran)
- élétriptan
(Relpax)
-
naratriptan (Naramig)
-
sumatriptan (Imigrane cp pelliculé, inj, spray nasal)
-
zolmitriptan (Zomig cp pelliculé, Zomigoro cp orodispersible)
-
Différences d ’efficacité et de tolérance
minimes
-
Mais un patient non répondeur à un triptan peut répondre
à un autre triptan
-
Un patient non répondeur à un triptan peut l ’être
par la suite (test sur au moins 3 crises)
-
Si respect des CI (surtout cardiaques et médicamenteuse-IMAO et
dérivés ergotés) peu de problème. Pas de CI
mais à « éviter » pendant la grossesse…
-
Dans crise avec aura, attendre l ’apparition de la céphalée
pour l ’administrer
- Attention
aux abus médicamenteux et à l ’automédication:
pas seulement conséquences des douleurs mais également initiateurs
des douleurs (passage à la chronicisation des migraines).
Traitement
de fond:
- Quand
le mettre en place ?
-
6 à 8 prises par mois depuis 3 mois d ’un traitement
de la crise même si efficace
-
+ de 2 ou 3 crises par mois (adapter en fonction du caractère invalidant
ou non)
- Quelles
molécules utiliser ?
-
Aucune molécule n ’a montré d ’efficacité
supérieure par rapport aux autres: choisir en fonction des CI
-
Débuter en monothérapie, à faibles doses progressivement
croissantes
-
On proposera en première intention:
-
propranolol (Avlocardyl)
-
métoprolol (Lopressor)
-
oxetorone (Nocertone)
-
amitryptiline (Laroxyl)
- En
deuxième intention:
-
pizotifène (Sanmigran)
-
flunarizine (Sibélium)
-
valproate de sodium (Dépakine)
-
gabapentine (Neurontin)
-
indoramine (Vidora)
-
Evaluation au terme de 3 mois. Efficace si fréquence réduite
d ’au moins 50%
-
Si échec, soit augmentation posologie soit autre molécule
- Autres
traitements:
-
relaxation, rétrocontrole, thérapeutiques cognitives et
comportementales de gestion du stress: efficaces
-
acupuncture, homéopathie, manipulations cervicales: pas de données
suffisantes de la littérature
Cas particulier de l ’enfant
- Traitement
de la crise:
- première
intention: ibuprofène (Advil) pour l ’enfant de + de 6 mois
- Diclofénac
(Voltarène) si > 16kgs, naproxène (Apranax) si >25kgs,
aspirine+/-metoclopramide, paracetamol, tartrate d ’ergotamine
à partir de 10 ans
- Sumatriptan
spray nasal pour l ’adolescent de 12 à 17 ans
- Traitement
de fond:
- première
intention: relaxation, rétrocontrole, thérapies cognitives
- Flunarizine
et DHE (>10 ans) 5 à 10mg /jour, propranolol 2 à 4 mg/kg/j,
amytriptiline (3 à 10 mg/j)
Conclusion
- Etude
FRAMIG 1999 et 2000:
-
18% des migraineux suivi spécifique
-
8% traitement de la crise par triptan
-
6% prophylaxie antimigraineuse
Classification
IHS 2004 (pdf) : La classification IHS 2004
- Annie Bouchareine, Bertrand Delfiner - Neurologies - Janvier 2004 - Vol 7
OMS
: Classification simplifiée
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