CONDUITE
A TENIR DEVANT UN NODULE THYROÏDIEN
FMC du
20 Mars 2001 par le Dr. BEUTTER (CH Bretagne Atlantique) et le Dr. GEFFRIAUD
(Clinique des Augustines)
PLAN
- I - EPIDEMIOLOGIE
- A
- Fréquences des N.T.:
- B
- Facteurs favorisants :
- C-
Fréquence des Iésions rencontrées :
- D
- Le cancer nodulaire
- II -
CLINIQUE
- A
- Circonstances de découverte
- B
- Comment rechercher un nodule thyroïdien ?
- C
- Caractères cliniques à apprécier :
- III -
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
- A-
Dosages hormonaux :
- B-Echographie
:
- C-
Scintigraphie( si N.T > 10 mm)
- D
- Cyto-ponction (au mieux sous échographie)
- IV -
TRAITEMENT
- A
- Choix thérapeutiques :
- B
- Indications thérapeutiques
- V - LA
CHIRURGIE
- VI -
LE SUIVI PER-OPERATOIRE
- A
- Le traitement hormonal :
- B
- IRA-thérapie (K papillaire) :
- C-
Surveillance :
- TRAITEMENT
CHIRURGICAL
- Pour
compléter les éléments précédemment évoqués :
I
- EPIDEMIOLOGIE
(Dr.
BEUTTER Service d'endocrino-diabètologie CH Bretagne Atlantique - VANNES)
<< Le
probléme posé par le nodule thyroïdien (N.T) se limite exclusivement
à la reconnaissance de sa nature histologique: >> (J. Leclerc)
Les données
épidémiologiques permettent de dégager des facteurs de risques qui
sont indispensables pour définir une stratégie thérapeutique.
A
- Fréquences des N.T.:
- Données
nécropsiques 40 à 50 % de la population !
- Données
échographiques
- Données
cliniques: seulement 4.2 % sont perçus (Horlocker et coll., Framingham)
B - Facteurs favorisants :
- Carence
iodée (filiation entre goitre diffus et développement nodulaire)
- Age
: la fréquence augmente avec I'âge
- Sexe
: féminin à 75 %
- Irradiation
:
-
le N.T. survient dans les 10 ans
-
La fréquence est proportionnelle à la dose délivrée
C- Fréquence des Iésions rencontrées :
D
- Le cancer nodulaire
1- Fréquence
: 5 à 10 % des nodules froids solides
1 % des
goitres multi-nodulaires (notion ancienne) en fait, fréquence analogue au
nodule solitaire
2 - Histologie
: un peu différent selon les pays. En France :
- papillaire
: 59 %
- vésiculaire
: 29 %
- médullaire
: 5%
- anaplasique
: 5%
3 - Facteurs
favorisant la dégénérescence K :
- Carence
iodée
- Age
: K plus fréquent chez l'enfant et l'adolescent,
- Sexe
: masculin à 75 %
- Irradiation
(Tchernobyl)

II
CLINIQUE
(Dr.
BEUTTER Service d'endocrino-diabètologie CH Bretagne Atlantique - VANNES)
A
- Circonstances de découverte
1
- Examen systématique :
- Médecine
du travail
- Gynéco
- Auto-palpation
2
- Examen complémentaire :
- Echographie....ovarienne
ou abdo...
- Scanner
cervical
- RP
3.- Examen orienté
- Hyperthyroïdie
- Douleur
cervicale antérieure
- Ganglion
cervical
- Recherche
de l'étiologie d'une métastase
B - Comment rechercher un nodule thyroïdien ?
Dans le
dos du patient !
C
- Caractères cliniques à apprécier :
- Consistance
: dure, ferme, rénitente, molle
- Mobilité
- Taille
- Association
à :
- un
goitre
-
des adénopathies cervicales

III
- EXAMENS COMPLEMENTAIRES
(Dr.
BEUTTER Service d'endocrino-diabètologie CH Bretagne Atlantique - VANNES)
A- Dosages hormonaux :
B-Echographie :
Doit
préciser obligatoirement
1-
Les 3 dimensions :
un
N.T. de plus de 30 mm est chirurgical
2-
L'échogénicité :
- iso
- Hyper
- Hypo
échogéne ou mixte
- An
93
% des K sont des N.T. hypo-échogènes ou mixtes.
64
% des N.T. bénins sont an-, iso- ou hyper-échogénes (hors adénomes toxiques)
3 - présence d'un halo hypo-échogène continu
4 - La présence d'autres macro ou micro-nodules (et leurs caractéres)
5 - La présence d'adénopathies
C-
Scintigraphie( si N.T. > 10 mm)
- N. froid
- N. chaud,
+/- extinctif (peut être malin : 2 %)
- N. tiéde
- La scintigraphie
peut être muette : plus de 30 % des N.T. échographiquement décrits.
D - Cyto-ponction (au mieux sous échographie)
Indication
- Si N.T.
solitaire
- Si N.T.trés
prédominant (ex : 1 macro-nodule et plusieurs micro-nodules)
Résultats :

IV
- TRAITEMENT
(Dr.
BEUTTER Service d'endocrino-diabètologie CH Bretagne Atlantique - VANNES)
A - Choix thérapeutiques :
1-
Abstention-surveillance :
2
- Traitement freinateur :
- a) efficacité
: très diversement appréciée : de 9 à 69 % de régression selon les études
!
- b) modalités
:TSH < 0.10 mU/l
-
EUTHYRAL plus freinateur que LEVOTHYROX
- c) intérêt
pronostique : on ne peut :
- ni
affirmer la bénignité d'un N.T. qui régresse
- ni
affirmer la malignité d'un N.T. qui augmente
- d) Inocuité?
-
Effet probablement délétère sur l'état osseux.
-
Donc ne pas traiter indéfiniment.
3-Chirurgie
B - Indications thérapeutiques
1
- Evidentes :
- Abstention
ou traitement freinateur (six mois ou un an) devant un petit NT hyper-échogène
cerné d'un halo continu, un kyste à bords parfaitement réguliers....
- Chirurgie
devant :
-
un nodule chaud extinctif
-
un N.T. de plus de 30 mm
- une
Iésion maligne à la C.P.
2
- A discuter au coup par coup dans bien des cas

V
- LA CHIRURGIE
(Dr.
BEUTTER Service d'endocrino-diabètologie CH Bretagne Atlantique - VANNES)
De l'importance
d'un praticien rompu à la chirurgie thyroïdienne pour :
- 1 - l'exploration
per-opératoire
- 2 -
l'importance de l'exérèse
- 3 - Les
risques
-
Récurrentiels
-
Para-thyroïdiens

VI
- LE SUIVI PER-OPERATOIRE
(Dr.
BEUTTER Service d'endocrino-diabètologie CH Bretagne Atlantique - VANNES)
A
- Le traitement hormonal :
1 - Lobo-isthmectomie
: NON. TSH au bout d'un mois
2 - Thyroïdectomie
totale :
- Iésion
bénigne : 100 µg/j de LEVOTHYROX d'emblée et TSH au bout d'un mois
- K
papillaire ou vésiculaire : traitement freinateur (EUTHYRAL ou LEVOTHYROX).
Objectif TSH < 0. 10 mU/l
- K
médullaire : traitement substitutif ( TSH normale ). Suivi pour le dosage
de calcitonine.
B
- IRA-thérapie (K papillaire) :
1ère
dose de 100 mc en post-opératoire
Si reliquats
thyroïdiens : répéter les doses de 100 mc jusqu'à obtenir une " carte
blanche "
Risques
:
- leucémogéne
au-delà de 700 mc
- défreinage
de la TSH à chaque fenêtre thérapeutique.
- La
parade : TSH recombinante.
C-Surveillance
:
- 1 - d'un
N.T. non opéré : échographie annuelle
- 2 -
d'un traitement substitutif: TSH annuelle
- 3 - d'un
K opéré :
-
TSH semestrielles
- -Thyroglobuline
-
Scintigraphie tous les cinq ans

TRAITEMENT
CHIRURGICAL
(Dr.
GEFFRIAUD Chirurgien à la Clinique des Augustines - MALESTROIT)
Pour compléter les éléments précédemment évoqués :
il faut
envisager tous les éléments qui, associés à la réflexion précédemment menée,
permettront de répondre à la question : Faut-il opérer ce malade ?
Ces points
sont fondamentaux car ils constituent en fait la morbidité intrinsèque
de la chirurgie thyroïdienne :
- Acceptables
quand ils surviennent dans le cadre d'un cancer ou d'une maladie évolutive
grave,
- ils
peuvent faire réfléchir et surseoir à une intervention lorsqu'il s'agit
d'affections bénignes et non évolutives .
Ce sont
successivement :
Les problèmes cosmétiques :
très
à la mode actuellement dans le cadre de la chirurgie mini-invasive.
La taille
de l'incision est en général courte, 4 à 5 cm sur une ligne située 1 cm au
dessus de la fourchette sternale, elle peut être agrandie en cas de cancer
et surtout en cas de curage.
dans
le cadre d'un nodule thyroïdien, s'il est bénin, la cicatrice sera minime.
Par contre
2 problèmes peuvent survenir :
- les
chéloïdes chez les jeunes et les noirs
- les
adhérences au plan trachéal souvent minimisées par la conservation des muscles
( pfannenstiel du cou ).
Les problèmes récurrentiels :
- Chiffrés
de 1 % à 8 % suivant le geste pratiqué (c'est-à-dire maximum en cas de curage
et récidive).
- Evités
par une dissection systématique du nerf lorsqu'elle est possible.
La paralysie du nerf laryngé supérieur
Les problèmes parathyroïdiens :
- Formations
petites et incluses parfois dans le parenchyme thyroïdien.
- Le risque
n'existe vraiment qu'en cas de thyroïdectomie totale :
-
il consiste en une hypocalcémie parfois transitoire mais qui, lorsqu'elle
est définitive, est souvent de traitement difficile.
- Leurs
repérage est indispensable et la réimplantation nécessaire en cas d'exérèse
accidentelle.
Le problèmes des ganglions :
- L'envahissement
ganglionnaire serait fréquent selon certains auteurs qui préconisent des curages
systématiques en cas de cancer.
- ces
curages augmentent beaucoup le risque récurrentiel et il semble préférable
de ne les proposer que dans les cancers lymphophiles ou lors de ganglions
macroscopiquement envahis.
- Certains
ont proposé de faire des Pickings.
Une fois ces éléments pris en compte,
lorsque
l'intervention est décidée, on pratique : une
lobectomie thyroïdienne avec examen extemporané,
- si
le nodule est bénin (et bien sûr aussi le reste de la glande), on en reste
là .
- si
la lésion est maligne on pratiquera une totalisation de la thyroïdectomie
avec ou sans curage suivant la nature histologique, l'existence d'éventuelles
adénopathies, le résultat du picking s'il est fait.
Dans
le cadre d'un nodule isolé, on est rarement amené à en pratiquer.
