Les soins palliatifs

FMC du 18 Mai 2004 - Docteur Alain HIRSCHAUER - Clinique des Augustines - Malestroit

LES SOINS PALLIATIFS HISTORIQUE

Les gestes de solidarité pour celui qui va mourir sont une caractéristique de notre humanité .

Le déni actuel de notre mortalité nous enferme dans trois tentations médicales en fin de vie :

Comment sortir de ces impasses ?

De nombreuses congrégations religieuses vont maintenir ces actes de charité que sont les soins au mourant.

Le concept de soins palliatifs

Il s’établit sur :

C’est une évaluation difficile, forcément pluriprofessionnelle, souvent à refaire.

DEFINITION

« Les soins palliatifs sont des soins actifs, continus, évolutifs, coordonnés et pratiqués par une équipe pluriprofessionnelle.
Ils ont pour objectif, dans une approche globale et individualisée, de soulager la douleur physique ainsi que les autres symptômes, et de prendre en compte la souffrance psychologique, sociale et spirituelle, dans le respect de la dignité de la personne soignée.
Les soins palliatifs cherchent à éviter les investigations déraisonnables et se refusent à provoquer intentionnellement la mort.

HISTOIRE RECENTE

Pour la première fois en France en 1991, les soins palliatifs étaient mentionnés dans un texte législatif qui les introduisait dans les missions du service public hospitalier.
 
En 1996, l’Ordre des Médecins rédigeait une mise à jour du code de déontologie spécifiquement consacrée aux soins palliatifs et y mentionnait qu’ils ne sont pas réservés aux mourants.
 
Enfin la loi n° 99-477 du 9 juin 1999 a prévu l’accès aux soins palliatifs à « toute personne dont l’état le requiert » et a introduit la notion de droit d’accès non seulement à des soins mais à un accompagnement.
 
La France s’est engagée dans un nouveau programme national de développement des soins palliatifs, pour les années 2002-2005 qui s’articule autour de trois axes :

CE QUE NE SONT PAS LES SOINS PALLIATIFS : OU DEFINITION DE L’EUTHANASIE  

Euthanasie signifie littéralement " mort douce sans cruelle souffrance ". Il nous faut dire clairement en quel sens est employé maintenant ce terme.  
 
Par euthanasie nous entendons une action ou une omission, qui, de soi ou dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et à celui des procédés. Sans le consentement du malade, même avec celui de la famille ou de l’équipe médicale, l’euthanasie est un homicide ; avec le consentement du malade c’est un suicide.
Il n’existe dons pas une euthanasie passive ou active, l’intention est toujours la même. L’euthanasie dite passive ( néologisme ) est mise en avant par les promoteurs de l’euthanasie par opposition à l’acharnement thérapeutique.

Nous oublions que la très grande majorité des cas de demande d’euthanasie sont des appels à plus de soulagement de la douleur et de l’angoisse tout à fait accessible à des soins et à un accompagnement.

Cependant quelques demandes d’euthanasie sont faites par conviction philosophique. L’Homme n’est pas une individualité stricte sans responsabilité vis à vis de ses congénères.

Une telle demande dévoile nos liens de responsabilité mutuelle : L’Homme en fin de vie est humainement autant responsable de celui qui le soigne que le soignant de son malade ; il ne peut donc tout lui demander en tout cas pas de devenir son exécuteur.

LA SEDATION

Tout autre est le problème de la sédation en fin de vie ( de sedare, calmer, apaiser. : apaisement d'une douleur physique ou morale, d'un état anxieux. (Petit Larousse, 2000)).
 
Le groupe de travail de la SFAP a limité la définition à la sédation en phase terminale pour détresse* :
 
La sédation en phase terminale pour détresse* est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance* pouvant aller jusqu’à la perte de conscience*, dans le but de diminuer ou de faire disparaître la perception d'une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et / ou mis en œuvre sans permettre d’obtenir le soulagement escompté par le patient.

LES SOINS PALLIATIFS A DOMICILE

CARACTERISTIQUES

Non réservés aux soins terminaux ( début de la phase terminale parfois difficile à évaluer ).
Ils commencent dès la première consultation d’une maladie grave mettant en jeux le pronostic vital. Ils sont alors essentiellement liés aux traitements des inconforts et de la douleur liés aux thérapeutiques engagées.  
Mais déjà le travail médical doit se faire avec une triade redécouverte par les Soins palliatifs :

 ECOUTE / COMMUNICATION / CLIMAT DE VERITE

C’est ainsi que nous avons évolué vers la notion de SOINS CONTINUS
plus récemment vers celle de SOINS DE SUPPORT
 
Pour le généraliste qui revoit son patient entre deux cures ou deux hospitalisations nous parlerons de SOINS DE PERSEVERANCE.

Car en soins d’accompagnement à domicile il faut :

COMMENT COORDONNER A DOMICILE DES SOINS PALLIATIFS ?

Pas de coordination sans évaluation !

EVALUER

Synthèse médicale : diagnostic de la maladie principale et de ses lésions secondaires

Synthèse projet de soins IDE-AS :

Synthèse sociale :

Outils communs :

ANTICIPER

Prescription ajustées par rapport à une reprise douloureuse :
connaître la règle des interdoses
Prescription ajustées par rapport à un risque de complication désignée
( liste des modes de fin de vie les plus courants )
Ces prescriptions sont la base d’une bonne prévention des fin de vie difficile

PRESCIRE

En fonction

REEVALUER = DYNAMIQUE DE SUIVI

par les outils communs :

INSTRUMENTS A DEVELOPPER

EN ATTENDANT

réaliser une feuille de synthèse :

CONNAITRE SES CAPACITES

CLINIQUES , TECHNIQUES ET PSYCHOLOGIQUES

QUE PEUT-ON FAIRE A DOMICILE ?
  Facile ou possible si bien préparé

Difficile

Non souhaitable
ou impossible

Evacuation d’un fécalome

+    
Ponction d’ascite

+    

CONNAITRE SON ETHIQUE

Double défi :

Notre pouvoir sur la maladie diminue et la faiblesse du malade augmente donc notre pouvoir sur le malade augmente en fin de vie

Notre savoir sur les effets de la maladie et la thérapeutique diminue et notre angoisse augmente

Il faut accepter de se décentrer de notre savoir et de notre pouvoir pour choisir l’accompagnement tout en adoptant un mode d’évaluation qui nous gardent hautement professionnels

Il faut passer « d’un malade à guérir à une personne qui va mourir »

Nécessité de réfléchir à notre position face à l’euthanasie soit pour se préparer à une demande du patient, de la famille soit pour lutter contre ses propres tentations.

RECONNAITRE, EVALUER, TRAITER LA DOULEUR

 TOUJOURS CROIRE LA PLAINTE DOULOUREUSE

«  La seule douleur supportable est celle des autres » 

RECONNAITRE

EVALUER TOUT PATIENT ALGIQUE OU NON ALGIQUE QUI ENTRE EN SP

PRINCIPES THERAPEUTIQUES

         Concrètement :

LES PALIERS THERAPEUTIQUES DE L’OMS

REGLES DE PASSAGE D’UN PALIER A L’AUTRE :

La douleur résiste à la dose maximale du palier pendant 48h malgré une bonne observance, la prescription de coantalgiques, l’absence de douleur neuropathique

Palier 1

EVA < 4

Palier 2

4 < EVA < 6 ou échec palier I

Palier 3 

6 < EVA ou échec palier II

COANTALGIQUES MEDICAMENTEUX 

COANTALGIQUES NON MEDICAMENTEUX 

LES EQUIVALENCES

6 cps d’EFFERALGAN CODEINE
= 6 gélules de DIANTALVIC
= 6 cps de PROPOFAN
= 18 mg de Morphine per os/24 h

8 cps d’EFERALGAN CODEINE
= 8 gélules de DIANTALVIC
= 8 cps de PROPOFAN
= 24 mg de Morphine per os / 24 h

400 mg de Tramadol / 24 h
= 80 mg de Morphine per os / 24 h

30 mg de SKENAN LP = 10 mg de solution de Morphine / 4 h
( ou MOSCONTIN ) = 5 mg de Morphine sous-cutanée / 4 h
= 3 mg de Morphine en IV / 4 h

25 ug/h de Fentanyl trans-cutané = 60 mg de Morphine per os / 24 h

Soit une dose N de morphine orale / 24 h :
         dose de morphine sous-cutanée = N/2 sur 24h
         dose de morphine en IV = N/3 sur 24 h
         dose d’oxycodone per os = N/2 sur 24 h
         dose d’hydromorphone per os = N/7,5 sur 24h

Pour éviter toute erreur d’équivalence toujours revenir à la dose totale orale (DTO)

DIFFERENCES DE TRAITEMENT SI DOULEUR AIGUE/CHRONIQUE

DOULEUR AIGUE

DOULEUR CHRONIQUE

Au besoin

Rythme

Régulier systématique

Variable

Durée désirée

La plus longue

Plutôt standard

Dose

Individuelle

Injectable ou per os

Administration

Per os

Inhabituel

Coanalgésie

Habituel

Souhaitée

Sédation

Non souhaitée

Variable

Emotion

Importante

DOULEURS LIEES A L’EVOLUTION TUMORALE ( 70% des cas)

DOULEURS EN RELATION AVEC LES TRAITEMENTS ONCOLOGIQUES ( 20% des cas environ )

DOULEURS SANS RELATION AVEC LA MALADIE CANCEREUSE (10% des cas environ)

TRAITEMENT SELON LE TYPE

DOULEUR NEUROGENE TOUJOURS LA RECHERCHER

Composante plutôt paroxystique

Composante plutôt continue ?

Oui

Anti-épileptique (hors AMM)

Oui

Anti-dépresseur tricyclique

Efficacité ?

oui : surveillance

Réévaluation régulière de la douleur

non : essai autre groupe

douleur nociceptive?

coantalgiques, consultation douleur

intérêt d’une stimulation électrique trans-cutanée

Peu d’effet des morphiniques ou à une dose telle que les effets secondaires la rendraient inacceptable

DOULEUR PSYCHOGENE

DOULEUR NOCICEPTIVE 

LA PLUS FREQUENTE
  Douleur qui nécessite typiquement une prise en charge avec les antalgiques des paliers de l’OMS et souvent le recours à des coantalgiques

3ème palier OMS :
Opioïdes fortes +/- antalgiques non opioïdes + coantalgiques

Contrôle de la douleur dans les 24 heures
Non
Revoir les traitements co-antalgiques
Réévaluer la composante neuropathique et psychogène de la douleur
Discuter une morphine-résistance métabolique :
Avis auprès d'une structure de prise en charge

Oui

Surveillance
Réévaluation régulière , répétée, adaptée au patient

LA MORPHINE

ADAPTATION DE LA POSOLOGIE

LA CLEF DE LA REUSSITE : L’EVALUATION REGULIERE de l’efficacité

EVALUER : EVA < 4 , FR > 10

Non calmé
renouveler la dose N
à libération immédiate
(1/10ème à 1/6ème de la DTO )
1 H
calmé : renouveler 4h après avec 2N si pas de LP en cours
non calmé : dose N maxi 4 N par 4h

 

surdosé
Surdosé non calmé
Diminuer de 30%
Diminuer de 30%
Rajouter des co-analgésiques

Réévaluer type de douleur Douleur neurogène ou psychogène

Rotation des opiacés
 

LA TITRATION

NOTION D’INTER-DOSES

Notion d’inter-doses  : les prescriptions anticipées systématiques « Toujours anticiper le retour de la douleur »
 
Per os : une utilisation de la morphine orale proche des bolus ( = 1/10ème de la dose totale IV ou SC ) d’une PCA par voie IV ou SC. L’interdose orale ( libération immédiate ) est égale à 1/10ème de la DTO( possible d’aller jusqu’à 1/6ème de la DT pour la voie orale ). Le patient peut en prendre autant qu’il le souhaite mais avec un délai de 1h minimun entre deux prises.
 
Si plus de deux inter-doses sont données sur 24h , réajuster au bout de 24h la DTotale/24h en additionnant la dose précédente des 24h + les inter-doses reçues.

L’EVALUATION REGULIERE DE L’EFFICACITE ET DE LA TOLERANCE

Effets indésirables permanents et effets indésirables fugaces

EFFETS INDESIRABLES

FREQUENCE

DUREE

NECESSITE D’UN TRAITEMENT

PERMANENT

Constipation

100 %

Constante

OUI

Nausées et Vomissements

40 %

1 semaine

OUI

FUGACE

Somnolence

60 %

3 – 4 jours

NON

Rêves éveillés Cauchemars
Dysphorie

20 %

3 jours

NON

 

Signes de surdosage
MINEURS Symptômes fugaces dont la durée
est supérieure à 1 semaine
AVANCES Rétention urinaire
Flapping ou Tremblements
S Troubles des fonctions supérieures
MAJEURS Myosis serré aréactif
Myoclonies répétées 
Bradypnée à 5 – 6 cycles/mn
Dès les signes de surdosage mineur, diminuer les doses de Morphine
de 30% à 50%


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Outils à télécharger :

Evaluation comportementale de la douleur chez la personne agée : Echelle Doloplus2 (Fichier Excel)

Evaluation du risque d'escarres : Echelle de Norton (Fichier Excel)

Evaluation hebdomadaire de la douleur : Evaluation...... (Fichier Excel)

Evaluation de la souffrance des aidants dans le maintien à domicile des personnes agées : Minizarit (Fichier pdf)

Mini Mental Status : MMS (Fichier pdf)

Echelle Hospital Anxity Depression : HAD (Fichier doc)

Si vous n'avez pas Excel, télécharger Excel Viewer

Si vous n'avez pas Acrobat reader, télécharger